OISEAU ET L’ENFANT(L’)

1982 – 11’40

A l’origine, cette pièce a été conçue pour la radiophonie, dans le cadre d’un concert collectif des membres du GRM qui devaient illustrer une situation sonore de Paris. J’ai choisi celle du réjouissant marché aux oiseaux situé place Louis Lépine et le long du quai de la Mégisserie. Au milieu du brouhaha des badauds, des bruissements des ailes et de la polyphonie des chants d’oiseaux qui étaient enregistrés, j’ai saisi, à un moment donné, les exclamations d’un jeune enfant à qui l’on avait promis l’achat d’un oiseau.

Par la suite, elle a été réduite et remaniée dans sa forme, avec toujours les mêmes sons d’origine, pour en faire une version de concert. Dans celle-ci, une sorte de « scénario » s’est imposé à moi, devenant progressivement un conte : la scène paisible de cette réalité enfantine a glissé doucement dans un territoire inquiet et fantasmagorique où l’oiseau, à la fois guide et agresseur, se métamorphose, enrobe et finit par absorber l’enfant. Ces personnages sont tous les deux entraînés par un tourbillon de plus en plus systématique qui aboutit à l’anéantissement de l’image qu’ils représentaient. L’anecdote et ses déclinaisons musicales permettent ici de cadrer la forme et deviennent l’élément actif, déclencheur, frein et accélérateur.

Le motif du personnage humain est matérialisé par les voix du marchand et de l’enfant, chacune sous la forme d’un fragment de phrase repris comme un leitmotiv. La voix humaine fait image par l’expression de ses intonations dans un contexte anecdotique donné mais aussi par la parole mise en boucle et qui « raconte ». Le motif du personnage-oiseau est lui aussi représenté par le même système de boucles mais la matière en est plus stylisée : celle résultant d’une contraction rythmique d’un élément aigu, à la fois organique, « électronique » et « ornithologique ». Ces deux motifs sont devenus des thèmes musicaux et dramatiques. Ils balisent le déroulement de la pièce.

Laisser un commentaire