THÉÂTRES DE L’EAU

2003/2004 – 31’16

1. Le Rêve de l’eau tranquille : 4’48

2. L’Ois-eau 1 ou la fontaine secrète : 8’16 5 (à Flora et Shadwan)

3. L’Eau qui s’éveille et s’agite : 4’22

4. L’Ois-eau 2 ou la fontaine d’Hippocrène : 7’55 (à violaine et Sébastien)

5. L’eau en folie : 5’35

L’eau m’a toujours inspiré et j’en ai souvent sollicité le contact au travers des matières que j’utilisais en les liquéfiant. Pourquoi cette fascination à ce point ? L’eau est à l’origine du monde, certes, mais surtout dans le rêve de la musique concrète et de son devenir musical.

Elle est continuellement changeante et donc de nature profondément métamorphique, métaphonique et métaphorique : elle est dans le bruissement de la foule et du feuillage, dans l’aspect aqueux des roulades d’oiseaux et des stridulations d’insectes ou dans le rendu perlé de la voix humaine. Nous voici dans l’humus de la riche musique concrète avec ses sonorités multiples et ses reflets anecdotiques dans lesquels prospère son potentiel d ‘allusions et d’ambiguïtés : tout y est palpitation, ondulation, frémissement et je fais partie de ceux qui ont insisté sur cet aspect du sonore, par le mélange de ces sons en y incrustant des accélérations de sons glissés et en y ajoutant l’aspect froissé ou tremblé dû à l’agitation des potentiomètres… Je crois que cet effet, l’un des gestes fondamentaux de la musique concrète, est de l’ordre des matières aquatiques et qu’aucune image statique ou figure rigide ne peut résister à cet effet magicien qui fait frémir les formes. Dans ses aventures et ses transformations, l’eau est devenue pour moi plus que le prétexte d’une imagerie ou d’une matière se prêtant à la variation mais plutôt un véritable style artistique, une technique de la fragmentation de la signification des images et du morcellement des traits, du vibratile et du pointillé, qui à leur tour, mêlés ensemble, deviennent ce que j’appelle le « miroitement des images »…

Mais l’eau sait aussi parfois dire les profondeurs des abysses, l’obscurité et la folie… C’est toujours de l’eau dont il s’agit mais qui déborde comme le raz-de-marée, qui déjette les débris mélangés de l’hirsute. C’est la polyphonie de l’extrême qui traverse la tessiture en glissant de bas en haut et vice-versa dans toutes les vitesses imaginables. L’aspect solide de la construction de cet embrouillamini unifie dans une prison d’espace et d’intensité la matière la plus souriante, la plus souple et le plus diffuse telle qu’elle était à l’origine.

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